lettre du CRB à l’adjointe à l’Urbanisme de la Ville de Paris / 24 juillet 2009

Ce courrier fait suite à la réunion publique organisée par la municipalité le 7 juillet 2009 ouvrant le processus de “concertation” sur l’aménagement de Broussais.

Paris, le 24 juillet 2009

Madame la première adjointe au Maire de Paris,
Monsieur le Maire du 14ème,

Suite à la réunion publique du 7 juillet concernant l’aménagement du quartier Broussais, nous souhaitons, dans un esprit constructif, vous faire part de nos réactions concernant la démarche de « concertation » entamée sur le site de Broussais.

Notre exigence de concertation repose sur deux fondamentaux :
- Les associations ou groupes constitués quand ils s’expriment sur un sujet sont dans un démarche de « lobbying » et non pas de concertation ; leurs idées nécessitent d’être confrontées à l’avis d’un plus grand nombre ;
- Les réflexions sur les aménagements urbains sont des vecteurs essentiels de mixité et de dynamiques locales : ils concernent non seulement les habitants de la zone mais également toutes les personnes qui en font « usage » ; c’est-à-dire une grande diversité de personnes que l’on peut tenter de faire se rencontrer et converser lors d’une concertation ; tout l’enjeu repose sur la capacité à faire s’exprimer des gens qui habituellement ne le font pas, confronter les opinions, pour que tous nous nous enrichissions des idées des autres.

En ce sens nous regrettons que la concertation ne repose que sur des thématiques et non pas sur l’aménagement global du site (destruction de Didot, localisation zone de logement sur Mariniers, « pratiques amateurs », passage des voitures à travers la dalle…) qui aurait été plus fédérateur car plus impliquant.

Dans cette recherche d’expression du plus grand nombre, dans nos diversités, il nous semble indispensable :
- De revoir les délais annoncés : des ateliers les 9 et 10 septembre sont beaucoup trop tôt, comment sera-t-il possible de mobiliser tout type de « représentants » des habitants du quartier ? Nous sommes tout à fait d’accord avec votre souhait d’associer les jeunes mais comment va-t-il est possible des les associer d’ici des ateliers alors qu’aucune intervention notamment dans les milieux scolaires ne sera possible ? Quant à interroger les jeunes de leur côté, ce serait amputer la concertation d’un de ses intérêt : confronter les points de vues.
- De multiplier le nombre d’atelier : que peut-on espérer d’un seul atelier par thématique ? juste à faire au mieux un tour de table des participants. Si les ateliers ne se poursuivaient pas dans le temps, il ne serait pas envisageable d’appeler ce processus de la concertation…
- De prévoir le temps de la « maturation » des idées : les allers-retours d’idées et de propositions entre le public et les personnes qui participent aux ateliers (personnes n’ayant aucune expérience de concertation avec d’autres plus habituées à la démarche (CRB)) demandent du temps. Nous souhaitons donc un processus d’ateliers sur plusieurs mois (par exemple : démarrage officiel en septembre mais restitution en janvier, février ou mars)
- Que les animateurs des ateliers soient à l’écoute des participants, et ne pas retrouver ce qui s’est passé avec les « ateliers de participation » mis en place en avril 2002 le temps d’un week-end pour plancher sur le futur GPRU, avec un cabinet de concertation à l’encadrement assez infantilisant
- De mettre à disposition, avant la tenue des ateliers, l’ensemble des études existantes (notamment sur le flux de voitures attendu, l’impact sur les commerces, les places dans les écoles…) pour que les propositions faites en ateliers puissent tenir compte des contraintes et possibilités des aménagements proposés.
- Avoir dans chaque atelier des représentants des CDQ, CRB, Carrefour 14, associations devant être relogées sur le site, centres M. Sangnier et Vercingétorix et autres associations impliquées dans le sud du 14ème . Nous souhaitons que des représentants du CRB puissent être dans chaque atelier.

Nous souhaiterions pouvoir soumettre à la concertation quelques idées :
- Travailler sur la notion de fonctions / pôles dans le cadre du triptyque logement-artistique-accueil personnes âgées afin d’approfondir la démarche de mixité tant au niveau des activités que des populations. A savoir par exemple proposer des ateliers d’artistes dans l’Ephad, des représentations artistiques dans l’ephad, des ateliers pour les résidents de l’Epahd dans la Chaufferie ou dans l’ilôt des Mariniers, et des ateliers-logements dans les Mariniers liés fonctionnellement à la Chaufferie…
- Intégrer les logiques de mutualisation de besoins et fonctionnement dans la gestion des habitats notamment
- Travailler l’espace autour de la Chaufferie, notamment la partie ouest en évitant un « enterrement » du sous-sol
- Trouver des solutions pour préserver la continuité de la dalle (« ondulation »de la dalle qui passerait au dessus de la nouvelle rue venant des Mariniers)
- Passer du temps à imaginer les jonctions de la dalle avec le quartier : Didot, Losserand, Mariniers, quels liens envisager avec la petite Ceinture ? penser les circulations en terme de circulations douces et pas seulement en desserte automobile
- Voir les espaces dédiés aux lieux de vie ou d’activité créant du lien (café associatif, locaux associatifs, lieux d’exposition, épicerie solidaire, ressourcerie, magasin Emmaus..). la destruction totale du bâtiment Didot nous semble en ce sens dommage.
- Étudier les possibilités d’installer un dispensaire (besoins repérés dans le quartier) et une auberge de jeunesse (ouvrir ce site sur l’extérieur)
- Étudier la faisabilité d’un « ilôt marinier » plus dense, d’un seul bloc, afin de garantir les 300 logements tout en évitant les immeubles trop hauts (mécontentements des riverains proches et ombre sur la dalle), les déperditions d’énergie (mieux gérée avec un bâtiment compact). L’aménagement de ce « bloc » pourrait intégrer des cours intérieures et des toits terrasses qui permettraient à ses habitants d’avoir un cadre de vie agréable, tout en permettant des circulations par l’organisation de passages.

Dans l’attente de vos réponses , veuillez agréer, madame, monsieur, l’expression de notre considération.

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