Hôpital Broussais, promesses et réalités / mai 2001

Article publié dans le journal associatif La Page n°52.

La campagne électorale passée, syndicats, Assistance publique, associations et élus doivent se remettre à la table de travail pour imaginer le devenir du site hospitalier

La réunion publique qui a eu lieu début mai dans une salle du nouveau centre social Broussais-Didot a permis au collectif d’associations « Redessinons Broussais »(*) de populariser son initiative.

Ses représentants ont détaillé les premiers résultats issus du dépouillement du questionnaire (voir encadré) dont 200 retours ont été enregistrés à ce jour. Ils ont présenté les ateliers populaires d’urbanisme (voir La Page n°51) qui débutent et auxquels participent habitants, étudiants en architecture et urbanisme et représentants d’associations du quartier, ainsi que ce qui ressort d’une entrevue avec M. Bernfeld, directeur du patrimoine et de la logistique à l’Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP).

Avenir hospitalier et ouverture au quartier

M. Bernfeld a rappelé que l’hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) doit être intégralement autofinancé par l’AP-HP, selon le vœu des ministères de tutelle, et qu’il restait à obtenir 800 MF des sites Broussais et Boucicaut (dont l’AP-HP est entièrement propriétaire). C’est pourquoi toute activité visant à s’implanter sur le site, même temporairement, ne sera pas accueillie gracieusement.

Parmi les activités qui devraient se pérenniser, citons les soins de suite et de réadaptation (bâtiment des Mariniers, dont l’AP-HP restera propriétaire contrairement à ce qui se trouve au nord de la petite ceinture), le siège, l’école et le musée de l’humanitaire de la Croix Rouge Française (bâtiment Leriche) ou la crèche « Pomme d’Api » qui va rouvrir pour le personnel de l’AP-HP. Des laboratoires de l’Inserm occupent également, jusqu’en 2005, un étage de ce bâtiment. Les bâtiments restants seraient occupés de manière temporaire, jusqu’à la réalisation d’un projet final, par différents organismes de soins, de formation ou de prévention : au total, une centaine de demandes d’attribution ont été émises. Pour exemple, citons le bâtiment Gaudart d’Allaines qui est actuellement occupé par des soins de suite issus de Cognacq-Jay, les soins de maladies rares, ou certains sous-sols par quelques laboratoires. L’étude concernant l’arrivée des fauteuils dentaires en provenance de la rue Garancière n’a, par contre, pas commencé. Des contacts sont également pris avec le Ministère de l’Education Nationale. Le Directeur du patrimoine a aussi évoqué la possibilité, en liaison avec la mairie du 14e, d’ouvrir certains bâtiments à des associations.

Pour ce qui est du « futur Broussais », après une première rencontre de l’AP-HP avec son conseil de tutelle puis avec la Préfecture et la nouvelle mairie au mois de juin, de nouvelles orientations politiques seront dégagées qui lanceront, selon M. Bernfeld, les « séances de travail entre les partenaires » et « une large concertation avec les habitants et les associations » pour imaginer l’aménagement du site, et ce, pendant au moins un an. Rappelons que pendant la campagne électorale Bertrand Delanoë a plusieurs fois évoqué la possibilité de préempter les terrains. Ainsi, l’AP-HP autofinancerait l’hôpital européen et la Ville de Paris aurait un droit de regard sur l’aménagement.

Reste que Broussais n’est pas un site évident à exploiter, à désenclaver. De plus des problèmes juridiques vont se poser (dalle, petite ceinture). Son avenir devra être imaginé dans le respect des règles d’urbanisme et de la loi Solidarité Renouvellement Urbain (SRU). Mais c’est à la Ville d’impulser les initiatives, d’encourager les projets et de dire ce qu’elle veut y faire.

Il semble cependant possible de voir apparaître sur le site du futur Broussais une maison de retraite pour adultes handicapés vieillissants et une partie des 500 logements sociaux souhaités par l’Etat, à répartir entre Broussais et Boucicaut, et que la CGT Broussais voudrait voir affectés, en partie, au personnel de l’AP-HP.

Le projet des habitants, porté par le collectif d’associations « Redessinons Broussais », doit donc continuer son travail, son approche originale de la concertation qui va jusqu’à la réalisation des propositions issues des questionnaires. Il appartiendra à la nouvelle municipalité que celles-ci soient sérieusement prises en compte dans la concertation que la Ville de Paris devra lancer l’an prochain.

Arnaud Brugier

(*) Collectif d’associations « Redessinons Broussais » : Accacia, Association des parents d’élèves (APE) de l’école Pierre Larousse, Association des commerçants de la rue Didot, Association Florimont, Attac Paris 14e, CGT Broussais, FCPE (UL 14°), la Ligue des droits de l’Homme - section 14e (LDH-14e), La Page, Montparnasse Crew, Sud-CRC Broussais, Urbanisme et démocratie, Vie Libre.


Que veulent les habitants à Broussais :

Dans les réponses aux questionnaires, les jardins sont plébiscités. Viennent ensuite les espaces culturels conviviaux regroupant et proposant des activités pluridisciplinaires (salles de spectacles, bibliothèques et cinémas sont cités à égalité avec les « maisons des associations » qui proposeraient des activités culturelles et artistiques).

Le besoin de logements et d’équipements médicaux (« centre de soins », « maison de retraite », « centre médical ») se fait également sentir. Tout de suite après, les habitants souhaitent que le site accueille un « centre social » ou « d’animation » ainsi qu’un bistrot ou restaurant, des crèches et un centre sportif.

La crainte est essentiellement centrée sur les opérations de logements qu’ils soient « de standing » pour faire de la spéculation immobilière ou « massifs » et « hauts » pour des logements sociaux. On retrouve le refus d’y voir implanter des bureaux et des grandes ou moyennes surfaces commerciales. On sent ici une peur du « béton », d’un « lieu sans âme » ou « fermé sur lui-même ».

Le dépouillement du questionnaire se poursuit. Si vous n’y avez pas encore répondu, vous pouvez vous le procurer sur les marchés Brune et Villemain le dimanche matin, en le demandant à l’association Urbanisme et démocratie au 01-43-35-09-28 ou sur son site internet http://u.d.free.fr/ , ainsi qu’au panneau d’information du 24 rue des Thermopyles.

documents
notes
Il n'y a pas de notes pour cet article.