Dépotoir aux abords de l’hôpital / 25 mai 2004

Article paru dans le Parisien du 25 mai 2004 (édition parisienne)

DES VIEUX PAPIERS sont échoués dans les arbustes, des canettes de bière jonchent les allées, des odeurs d’urine s’échappent d’un pavillon... Difficile d’imaginer que ce paysage de désolation est celui du site d’un hôpital public. Et pourtant : depuis la délocalisation de nombre de ses services dans le nouvel établissement Pompidou, le site de l’hôpital Broussais va à vau-l’eau (voir encadré). « Il y a des détritus partout dans l’allée qui borde l’hôpital, rue des Mariniers. Il arrive même régulièrement que de vieilles couches restent suspendues aux grilles plusieurs jours de suite..., s’indigne Hubert Perrier, président de l’association de quartier Bon-Secours - Broussais - Saint-Joseph. Personne ne nettoie. On se demande pourquoi. » Du côté de l’hôpital, qui n’accueille plus qu’une centaine de malades au lieu de cinq cents jusqu’en 2001, on invoque l’absence de civisme de certains patients comme celui des passants. Mais « il s’agit surtout d’un manque de moyens, explique Christian Mercier, le responsable des services techniques de Broussais. En quatre ans, le personnel d’entretien de l’hôpital est passé de 35 à 5 personnes, et seuls deux ouvriers en CDD sont venus tondre la pelouse... »

Mais l’APHP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) n’est plus la seule propriétaire des lieux. La Croix-Rouge a racheté la moitié des cinq hectares pour y aménager son siège social et une école d’infirmières mais n’a toujours pas entamé les travaux (voir ci-dessous).

« On ne fait pas la police »

Par ailleurs, depuis le déménagement d’une partie de l’hôpital, plusieurs associations bénéficient de locaux, qu’elles louent une bouchée de pain à l’Assistance publique. Là aussi, dans le pavillon Leriche qu’elles occupent, la situation frôle l’insalubrité. Et chacun se renvoie la balle. « Nous ne sommes plus chargés de l’entretien des bâtiments que nous avons vendus ou que nous louons aux associations », avance Christian Mercier. Des associations comme Emmaüs, qui accueille pour l’instant quelque 150 SDF par jour. « On ne maîtrise pas les allées et venues. Si cela ne tenait qu’à nous, ce serait propre, mais on ne peut pas faire la police. Nous sommes obligés de faire avec », déplore Pauline May d’Arts dans la cité, une association qui organise des ateliers d’artistes dans les hôpitaux. « Il y a des squatters qui viennent la nuit », ajoute Elisabeth Faria du FEMDH (Fédération pour l’enseignement des malades à domicile et à l’hôpital).

Quelque peu dépassés par la situation, les associatifs envisagent aujourd’hui de se cotiser pour un grand nettoyage de printemps. « Même si nous ne savons pas pour combien de temps encore nous sommes ici », précise Annie Benhamou, la secrétaire de l’Association des familles des traumatisés crâniens. Il faudra attendre que l’APHP et la Croix-Rouge finalisent leurs projets.

Claire Guény

documents
notes
Il n'y a pas de notes pour cet article.