Article publié dans le journal associatif La Page n°69.
Aménagements d’un quartier
La Ville de Paris a décidé de racheter les principales voies internes de l’ancien hôpital pour les transformer en rues publiques.
Le 17 septembre dernier, les habitants du quartier de l’hôpital Broussais étaient conviés à un repas de quartier suivi d’une projection de cinéma en plein air sur la dalle de béton située en plein cœur du site. En même temps qu’ils pouvaient se familiariser avec le dossier et les propositions des associations, ils fêtaient les avancées obtenues au printemps. Avec la décision de rachat des voies intérieures par la Ville, la voix des associations - à travers notamment le Collectif redessinons Broussais (CRB*) - commence à être prise en compte. Cette revendication satisfaite montre la pertinence de leur travail et de leurs propositions. Seront rachetées la longue traversée qui mène de la rue Didot (au n°96 bis) jusqu’à la rue des Arbustes vers la rue Raymond-Losserand et une autre voie au cœur du site. La rue des Arbustes restera en impasse, tout comme la rue des Mariniers : le projet initial qui prévoyait une liaison automobile entre la rue des Mariniers et l’intérieur du site est retourné dans son carton, suite à l’opposition des habitants (La Page n°62). Mieux encore, le projet avancé par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), propriétaire de la plupart des terrains et bâtiments, qui prévoyait l’accès automobile au site par la dalle (que les associations veulent transformer en espace vert) a été refusé (voir encadré). La Ville a décidé la transformation de la partie supérieure de la dalle qui couvre la petite ceinture ferroviaire en zone de circulation douce, tout en conservant une offre de stationnement dans la partie inférieure.
Toutes ces propositions ont été avancées par le CRB. Elles sont issues des séances régulières de son “atelier populaire d’urbanisme”. Ces ateliers ont travaillé sur la base de plusieurs centaines de réponses à des questionnaires diffusés dans le quartier (La Page n°66) et de réunions publiques ou festives comme celle de septembre dernier.

- Le CRB présente ses propositions lors d’un repas de quartier.
Définir le projet
La forme que prendra l’espace vert au dessus de la dalle recouvrant l’ancienne petite ceinture ferroviaire reste encore à définir. Le souhait d’une prolongation verdoyante de la promenade Auguste-Renoir voisine - ouvrant une liaison directe entre la rue Raymond-Losserand et la rue Didot - bute cependant sur des contraintes techniques comme la résistance de la dalle. La mairie se veut cependant rassurante, affirmant que l’aménagement paysager ne se résumera pas à une dalle de béton agrémentée de quelques jardinières comme le laissait pourtant supposer le texte de la délibération.
La décision municipale d’aménagement a également enclenché un processus d’appel d’offres qui a récemment permis de sélectionner l’équipe chargée des études préliminaires, du pilotage et de la coordination des futurs travaux. À la demande du CRB, la mairie a accepté de préciser les modalités minimales de concertation dans le cahier des charges : plusieurs rencontres de préparation et de suivi du projet avec les “acteurs locaux” (élus, associations, conseil de quartier) et participation de la maîtrise d’œuvre à au moins deux réunions publiques (présentations d’un avant-projet puis du projet final, ensuite soumis à enquête publique). Une première rencontre a eu lieu à la mi-octobre et les principes d’aménagement présentés par le bureau d’études techniques rejoignent les grandes lignes avancées par le CRB. Un deuxième rendez-vous est prévu ainsi qu’une première présentation publique qui pourrait avoir lieu en janvier.
Tout est donc loin d’être bouclé et les personnes qui souhaitent avoir leur mot à dire pourront encore le faire. De son côté, le CRB reste mobilisé pour éviter toute dérive après les annonces de la Ville. En effet, de nombreux points restent à discuter pour un équipement non négligeable dont le coût est estimé à 5,6 millions d’euros.
(*) Retrouvez la documentation liée à ces aménagements sur le site du CRB : http://c.r.broussais.free.fr
Logique mercantile
L’opposition que se livrent, au sein de l’AP-HP, gouvernement (dont dépend la direction générale de l’organisme public) et exécutif parisien (qui préside le Conseil d’administration) peut-il en partie expliquer les difficultés à percevoir le devenir de Broussais ? Comment, sinon, comprendre les réticences de l’AP-HP, pourtant guidée par une logique de rentabilité (comme en témoigne l’exemple de Saint-Vincent de Paul), à officialiser les propositions d’achat de bâtiments faites par la Ville depuis bientôt deux ans ? Car l’Assistance publique souhaite vendre : elle a, l’an passé, confirmé son intention de déplacer ses dernières activités hospitalières (du bâtiment Les Mariniers qui donne sur la rue du même nom) à l’hôpital Corentin-Celton d’Issy-les-Moulineaux, d’ici 2008-2009 et cherche preneurs pour la plupart des pavillons dont elle est encore propriétaire.
De nombreux projets
Sur le site de l’ancien hôpital Broussais, la Ville de Paris envisage la création d’un Établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), mais l’AP-HP propose un prix trois fois supérieur aux estimations. La Ville a également repris la proposition de créer un équipement culturel ouvert au quartier (projet avancé par le CRB, voir La Page n°59 et http://lachaufferie.free.fr), dans les bâtiments de la chaufferie et du funérarium. Enfin, le maire du 14e soutient le souhait du Centre de réadaptation psychothérapeutique (Cerep) d’acquérir un dernier bâtiment. Le devenir du plus grand immeuble, pour le moment destiné à accueillir les installations provisoires d’activités hospitalières pour raison de travaux dans leur lieu d’origine, reste flou, tout comme l’avenir des activités provisoires installées sur le site.
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